La Résosphère

La Résosphère (Netsphere dans la version originale) est l'un des grands mystères de Blame!. Ce réseau virtuel souvent évoqué, parfois expliqué, mais rarement dévoilé, semble en effet directement lié à la quête de Killy. Je vais donc tenter d'élucider le sujet en me basant sur diverses informations données dans le manga, ainsi que sur mes théories personnelles.

par Aniki

- Comment accéder à la Résosphère ? -

Dans Noise, il existe des services municipaux de connexion à la Résosphère, des bâtiments qui sont probablement constitués de cabines individuelles, à l'exemple du film Avalon. Rien ne le prouve car l'intérieur n'est pas montré, mais un détail est certain : ceux-ci ne sont pas totalement publics. En effet, il est nécessaire de posséder un implant terminal pour accéder au monde virtuel; la connexion se fait par branchement dans le cou, à l'instar de Matrix dont le concept de monde alternatif est vaguement similaire. Mais à la différence de ce dernier, il est théoriquement possible d'exister dans la Résosphère en étant mort dans la réalité matérielle, l'esprit étant en effet directement transféré dans la dimension virtuelle, comme le montre Noise. Il semblerait par ailleurs qu'il soit possible de réaccéder à la Résosphère par chargement de données s'il arrivait qu'une personne enregistrée dans le monde virtuel meure dans la réalité basique, et ce sans utilisation de branchements quelconques. Toutefois, il est pour cela strictement nécessaire d'être enregistré dans la Résosphère, comme le montre le LOG 60 où l'on peut voir Sanakan "ressusciter" à partir de ses données sauvegardées. Ces mêmes données seront effacées, mais elle décidera tout de même de retourner dans la réalité en étant consciente qu'une nouvelle mort matérielle ne lui permettrait plus de retourner au monde virtuel, et signifierait donc sa disparition totale.

Les implants terminaux, réservés à l'élite

Il est également possible d'accéder à la Résosphère par connexion simulée à l'aide d'un terminal génétique, muni d'un échantillon de gènes non-contaminés datant d'avant l'épidémie; c'est le moyen que tentera d'utiliser Davinelulinvega et également la quête que poursuit Killy, mais aussi et surtout la seule possibilité légale d'accéder à la Résosphère dans Blame!, soit après le désastre.

L'échantillon de gènes de Seu

Une expérience de connexion simulée fut menée par l'éminente scientifique Shibo, à l'aide d'un terminal génétique artificiel et d'un cobaye plongé dans un liquide, relié à un système de branchement complexe. Mais l'expérience échouera, les connexions d'humains contaminés étant en effet bannies et rigoureusement sanctionnées (en gros, les pirates sont abattus par les Sauvegardes, gardiens de la Résosphère).

- Qui se trouve dans la Résosphère, et dans quel but y sont-ils ? -

La Résosphère fut établie par le Bureau Gouvernemental, organisation ayant apparemment dirigé le monde avant la situation chaotique. Partant du concept d'une sorte d'Internet privé, la Résosphère cache en fait une bien plus grande ambition... En effet, elle est la mise en oeuvre de l'idéologie fasciste du Bureau Gouvernemental ("gouverne mental" ?), qui a pour objectif de créer une société (idéale ?) ne comprenant qu'une sélection de personnes privilégiées. De plus, les dirigeants du Bureau Gouvernemental (que l'on ne voit que de manière voilée, presque abstraite) ne cachent pas leur volonté de faire disparaître les humains non-porteurs d'implants terminaux, qui sont en quelque sorte les rebuts de leur société. L'intérêt premier de cette dimension virtuelle serait qu'en plus de former une société élitiste, elle formerait une société immortelle. En effet, les données peuvent théoriquement être régénérées à l'infini, et les habitants peuvent ainsi y vivre sans craindre la mort matérielle...

Les dirigeants du Bureau Gouvernemental

Nous trouvons donc dans la Résosphère le Bureau Gouvernemental et l'élite de la population, mais également les Sauvegardes, gardiens du réseau virtuel dont le rôle est de le défendre, le préserver... le sauvegarder (d'où leur nom).

Ces entités, existant sous diverses apparences et étant visiblement hiérarchisées, sont en général dénuées de conscience et ne font qu'exécuter les ordres pour lesquels elles ont été programmées. Cette intelligence artificielle limitée est la source du problème du Bureau Gouvernemental, incapable de passer outre la défense des Sauvegardes, ne pouvant plus les reprogrammer (nous étudierons ce problème plus loin). D'autres types de Sauvegardes possèdent bel et bien la capacité de réfléchir, mais rien n'est sûr quant à leur nature.

Les Sauvegardes Exterminatrices

La Résosphère est fortement convoitée par les humains du monde de Blame!, qui recherchent par tous les moyens un terminal génétique afin d'accéder à ce monde supposé idyllique... Le personnage de Shibo en est la preuve vivante; elle semble d'ailleurs ne suivre Killy que pour pouvoir accéder à ladite Résosphère.

- A quoi ressemble la Résosphère ? -

La première vision du monde virtuel ressemble à une gigantesque étendue naturelle, supposé havre de paix qui contraste fortement avec la réalité matérielle, froide et métallique. Cette vision est un portail d'entrée à la Résosphère, normalement précédé par une sorte de "temps de chargement"; une dimension spectrale représentée par la traversée d'une rivière blanche lors de la connexion de Davinelulinvega. Toutefois, on ne voit pas ce chargement lors de l'expérience de connexion simulée de Shibo; est-ce Nihei qui ne l'avait pas encore prévu, ou est-ce la traversée qui n'est pas toujours indispensable ? Seul l'auteur le sait. Il est à noter que nous avons également dans le 5e chapitre de Noise une vision furtive d'une tour située dans la Résosphère.

Vision de la Résosphère

Pour avoir un réel aperçu de la Résosphère, il faudra attendre le dernier volume. D'abord dans le LOG 60, où l'on a un aperçu furtif d'une pièce aux parois à première vue rocheuses, au sol couvert de dalles, et au fond de laquelle se trouve un grillage donnant vraisemblablement sur l'étendue naturelle.

La traversée de la rivière

Le LOG 64 se déroule quant à lui entièrement dans un espace abandonné de la Résosphère, destiné à accueillir temporairement les personnes ayant perdu leur enveloppe matérielle ou ayant la mémoire endommagée (un chapitre qui semble soit dit en passant inspiré de Tenshi no Tamago). Au bord d'une falaise se trouve une ville à tendance médiévalo-rurale, aux bâtiments déformés et aux habitants éternellement endormis. Autour de cette ville se trouvent d'énormes plaines, entourées de forêts, de ponts, ou d'étendues désertiques. Dans le ciel nocturne et nuageux sont visibles des astres, dont une planète annelée... Les seules planètes possédant des anneaux dans le Système Solaire sont Saturne et Jupiter, et tout porterait à croire qu'il s'agirait de la seconde. En effet, le tome 9 fait référence à un espace sphérique de 143.000 km de diamètre, ce qui correspond exactement à Jupiter. De plus, les anneaux de Saturne sont bien plus larges que ceux de l'astre visible dans le ciel.
Mais alors, la Résosphère serait-elle un endroit matériel situé dans l'Espace, depuis lequel Jupiter est visible ?

La ville endormie

- Où se trouve la Résosphère ? -

D'après l'auxiliaire gouvernemental rencontré dans le tome 2, "la structure principale de la ville est en train d'intégrer les composants de la Résosphère"... La Résosphère a donc bien une manifestation réelle, probablement quelque part autour (au-dessus) de la ville, puisque celle-ci l'intègre. En prenant comme base théorique que Blame! se déroule aux alentours de Jupiter, il est donc plausible que cette manifestation réelle soit l'un des satellites de la planète, de plus ces satellites sont effectivement (et évidemment) des sphères. Parmi les satellites, Io et Europa sont les deux lunes de Jupiter qui correspondraient le plus, et cela pour plusieurs raisons.

D'abord, elles ont toutes deux une composition assez proche des planètes de type tellurique, en l'occurence la Terre, Mars, Vénus et Mercure. Les deux lunes possèdent une atmosphère, une certaine teneur en gazs primaires ainsi qu'un noyau en fer, et sont principalement composées de roche de silicate (tiens, tiens).

Io et son courant électrique

Là où le choix devient difficile, c'est lorsque l'on sait que la surface d'Io ressemble en certains endroits à la zone verdâtre que Killy intègre dans le dernier chapitre (la zone au-delà de la Megastructure, donc), ainsi que le désert et la zone montagneuse visités dans l'avant-dernier chapitre (par contre, pas de végétation)... De plus, cette lune génère un courant électrique important, ce qui pourrait fournir l'énergie nécessaire à la gestion d'un monde virtuel, même s'il reste à savoir comment. A propos de ce courant électrique, il est intéressant de savoir qu'il est la conséquence du fait qu'Io traverse les "lignes" du champ magnétique de Jupiter; l'échange électrique créé entre les deux sphères pourrait donc être assimilé à l'envoi et la réception de données de la planète vers l'hypothétique réseau virtuel. De son côté, Europa est constituée d'une grande part de liquide (il en existe également sur Io, mais Europa en possède des océans entiers), et l'on voit justement Killy plonger dans un liquide dans le fameux dernier chapitre. Rien ne montre clairement que cet endroit liquide, qui est un endroit non-contaminé, est situé en dehors de la cité; notre héros ayant en effet pu retomber dans la Megastructure plutôt que d'arriver sur un autre astre situé à proximité, mais l'hypothèse ne peut être clairement infirmée. Par ailleurs, le paysage que l'on peut apercevoir dans l'avant-dernier chapitre est assez européen, en particulier la ville visitée. "Europa", vous dites ? Dernier détail, le nom original de la Résosphère est "Netsphere", or la surface fissurée d'Europa rappelle une toile ("net" en anglais).

La surface fissurée d'Europa

Pourrait-on donc en déduire que l'une des deux lunes en question pourrait être directement ladite Résosphère ? Cette théorie est assez peu envisageable, non seulement car un tel téléport corporel d'une planète vers un satellite défierait les lois de la Physique, mais surtout car la Jupiter que l'on voit dans le ciel du chapitre 64 ne contient pas la ville géante ! De plus, les anneaux jupitériens ne sont théoriquement pas visibles à une telle distance, et en paarlant de distance la planète devrait être aperçue à bien plus grande échelle... L'une des lunes de Jupiter (ou les deux, qui sait) contiendrait donc dans le futur ou le passé proche de Blame! un monde virtuel utopique, voire symbolique, établi dans ses composants internes... Difficile à concevoir, n'est-ce pas ? Toutefois, rien ne dit que l'action se déroule dans la zone de Jupiter et pas sur une autre planète similaire située à l'autre bout de l'Univers ! Ne perdons donc pas de vue qu'il s'agit d'une théorie et en aucun cas d'une vérité absolue.

- Quelle est la situation actuelle de la Résosphère ? -

Comme nous l'avons vu plus haut, la structure est actuellement en train d'intégrer les composants de la Résosphère. La croissance sans fin de la cité géante se rapprocherait donc dangereusement de la zone d'orbite du lieu où est basé le monde virtuel, et menacerait de le détruire... Dans "l'espace destiné à accueillir temporairement les personnes ayant perdu leur enveloppe matérielle" que nous voyons dans l'avant-dernier chapitre, les occupants des lieux sont tous endormis. Tous sauf quelques entités comme le géant du désert. Ce géant parle d'un désastre passé, et raconte que depuis celui-ci la Résosphère toute entière commença à connaître des disfonctionnements. Le désastre est probablement la conséquence de l'épidémie venue de l'Espace évoquée dans Noise, celle par laquelle les humains aptes à accéder légalement au monde virtuel ont disparu, et donc indirectement la cause de l'existence de la quête de Killy.

Le géant du désert

- Finalement, quel est le rapport avec la quête de Killy ? -

La requête du Bureau Gouvernemental est de trouver un terminal génétique afin de "sauver la Résosphère" et arrêter la croissance de la cité, pour ainsi reprendre le contrôle de la situation. La raison pour laquelle le Bureau fait appel à notre héros plutôt que de se déplacer lui-même est que ses représentants sont actuellement dans l'impossibilité de passer outre les Sauvegardes gardiennes, et sont donc ironiquement piégés par leurs propres protecteurs...

Leur seule manière de se représenter dans le monde matériel est d'envoyer des auxiliaires temporaires en bloquant momentanément l'action des Sauvegardes. Le cas de la Sanakan des derniers volumes est quant à lui différent. Il s'agirait a priori du dernier atout du gouvernement : une émissaire suffisamment puissante pour résister aux Sauvegardes et dont la mission est similaire à celle de notre héros, ou plutôt complémentaire. Elle est en effet centrée sur la protection de Shibo, qui porte dans sa sphère un embryon génétiquement intact, et donc un potentiel d'accès légal à la Résosphère.

Sanakan, agent du Bureau Gouvernemental

La manière dont la situation sera régénérée exactement est floue, mais une chose est certaine : elle passe par la connexion de Killy dans le monde virtuel par l'intermédiaire de gènes non-contaminés, scène que nous pouvons observer (ou plutôt deviner) à la toute fin du manga et qui clotûre donc l'objectif premier du héros. Killy utilisera pour accomplir sa mission la sphère de Shibo, porteuse d'un embryon contenant lesdits gênes. Par contre Blame! ne raconte pas la suite de la quête de l'enquêteur, et à moins de l'imaginer il faudra se contenter d'attendre une hypothétique séquelle. Toutefois, il est également possible que la fin soit également le début, en effet souvenez-vous du jeune garçon du début du tome 1 et observez la dernière planche : nous pourrions être en présence d'une histoire sans fin, Killy entrant à chaque fin de cycle dans un monde qui serait un retour à la case départ, mémoire comprise... En effet, Killy n'a pas l'air au courant de grand chose au début de l'histoire, et tout semble l'étonner. Une partie de la Résosphère contiendrait-elle donc une image du monde matériel tel qu'il était il y a un certain temps, à l'instar d'un Matrix ? L'index du dixième tome, représentant a priori le personnage de la dernière planche, tend à prouver le contraire ; il semble en effet détenir la preuve qu'il ne s'agit pas des mêmes enfants, celui, ou plutôt celle du dernier chapitre étant une jeune brune.

Deux enfants aux étranges points communs...

Peut-être cette hypothèse n'était-elle finalement née que de ma frustration d'assister si rapidement à la fin de Blame!

Une illustration d'index pas si innoncente qu'elle n'en a l'air

En définitive, la Résosphère est probablement l'un des éléments les plus intéressants de Blame!, mais reste chargée de mystère... Peut-être en saurons-nous plus dans une prochaine suite ?

Connexion simulée

Sources (attention la majorité des textes sont en anglais) :